La cigarette électronique : nouveau marqueur identitaire ?
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Il n’existe pas encore, aujourd’hui, de travaux de recherche sur la vape en tant que phénomène sociétal. Pourtant, nous sommes nombreux, vapoteurs et surtout utilisateurs de mods et de reconstructibles, à pressentir que la cigarette électronique constitue bien plus qu’une simple mode ou qu’une simple alternative au tabac. Nous pensons que l’ecig est en train de générer une véritable sous-culture regroupée autour d’un marqueur identitaire dépassant les clivages socio-économiques : la cigarette électronique.

La vape en France, en Europe et dans le monde, quelques chiffres

On dispose de peu de données sur le nombre réel de vapoteurs dans le monde. Mais on sait une chose : les rangs des adeptes de la cigarette électronique ne cessent de grossir. Sur notre continent, on estime que 23 millions d’européens auraient testé la cigarette électronique… en 2012.

La même année, on estimait le nombre de vapoteurs réguliers en Europe à plus de 10 millions. En France, les différentes études s’accordent sur un nombre compris aujourd’hui entre 1 et 1,5 million. Sachant que la France compte, d’après tabac-info-service.fr, environ 16 millions de fumeurs. Nous sommes donc 10% à avoir quitté le tabac pour les e-liquides.

Si l’on extrapole au nombre de fumeur dans le monde (plus de 1 milliard !), en pondérant pour les pays où la cigarette électronique ne peut pour l’instant, souvent pour des raisons économiques, percer, on peut estimer le nombre de vapoteurs réguliers dans le monde à plus de 50 millions.

Ainsi, loin d’être un phénomène marginal, la vape semble bel et bien constituer un tournant majeur dans les comportements sociaux des fumeurs.

Et la culture dans tout ça ?

Bien sûr, il ne suffit pas d’avancer des chiffres colossaux pour en déduire qu’il existe une culture de la vape. Le monde compte des milliards d’automobilistes, cela suffit-il à considérer qu’il y a une culture de l’auto (quoique…) ? Pour déterminer si oui ou non la vape représente une culture alternative, avec ses codes, ses référentiels et ses critères de distinction, il faut aller regarder du côté des émanations sociales liées à la vape.

  • Plus de 6 000 visiteurs au dernier Vapexpo
  • La tendance des Vapéros qui se généralise : chaque ville de France a désormais au moins un rendez-vous mensuel dédié à la vape, pour permettre aux vapoteurs de se rencontrer, d’échanger, de goûter.
  • Une association, l’AIDUCE, qui ne regroupe certes qu’un peu moins de 3 000 adhérents actifs mais qui a su obtenir près de 40 000 signatures en faveur de la vape.
  • L’initiative européenne, EFVI, a quant à elle recueilli 169 953 signatures dans toute l’Europe.
  • Il existe même aux Etats-unis un groupe de DJ, intitulé Vapecru, qui a signé le premier album « créé par des vapers pour des vapers » :Cloud Chasing Vol. 1 !

A ces événements, on peut ajouter les multiples concours de vape qui fleurissent aux Etats-Unis, la multiplication des youtubers (français, philippins, américains, etc.), la création de magazines (e-cig magazine en France, Vape aux Etats-Unis), de BD, de livres, etc.

Il apparaît, quand on fait le tour des événements, rencontres et créations culturelles que la vape fédère, génère des militants, développe son propre langage, ses propres codes. Mettez deux ou trois utilisateurs de mods et d’atos reconstructibles autour d’une table à côté de non-vapers et vous comprendrez que les premiers évoluent dans un monde inconnu des autres !

Alors bien sûr, tous les vapoteurs ne font pas forcément partie de cette sous-culture vape, mais on peut aujourd’hui considérer avec Jan Kounen qu’il existe réellement une culture alternative de la vape. Celle des modeurs, des passionnés de reconstructibles, des créateurs de liquides, des youtubers, etc.

Qui ne s’est pas retrouvé dans la rue à discuter avec un inconnu ou une inconnue sur son matériel ? Qui ne se surprend pas à repérer quel matériel utilise tel vapoteur croisé dans la rue ?Qui ne s’est pas retrouvé à passer une soirée entière à discuter, en marge des fumeurs, avec le seul autre vapoteur de la soirée ? 

Car de la même manière que les motards, les routiers et les conducteurs de camping-car par exemple se saluent de façon systématique quand ils se croisent sur la route ; de la même manière que les surfeurs se retrouvent très rapidement, sans complexe et avec leurs codes propres, pour parler de leur passion quand ils se croisent, les vapoteurs sont en train , plus ou moins consciemment et avec plus ou moins de volonté, de créer un groupe culturel qui, au-delà des catégories socio-professionnelles et des différences sociales habituelles, regroupe toutes celles et tous ceux qui partagent une fierté commune, celle d’avoir arrêté de fumer, et une passion commune, celle de leur vaporisateur personnel.

Nous pensons sincèrement que la vape constitue bien aujourd’hui une sous-culture dont le marqueur identitaire est la cigarette électronique. Et nous appelons de nos vœux une sociologie de la vape, en particulier à l’heure où cette culture semble menacée par une législation absurde.

Et vous, vous sentez-vous appartenir à une culture alternative ?

Bonne réflexion.

Et bonne vape !

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