Tribulations d’un vapoteur : les soirées
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Mes accus sont chargés à bloc et bien installés dans ma Cuboid (pour avoir de l’autonomie et pouvoir pousser les watts en cas d’envie), mon Subtank est rempli, mon Crius RTA (pour pouvoir faire péter les clouds un peu, au cas où) aussi et j’ai mes 10ml de recharge dans la poche. Check : je peux y aller. C’est parti pour les tribulations d’un vapoteur en soirée.

Vape, connivence et propagande

Qu’on le veuille ou non, quand on arrive au bar, deux choses peuvent se produire :

  • Il y a du monde dehors en train de fumer et au milieu des fumeurs, un ou deux vapoteurs (bah ouais : on est moins de 1 million à avoir totalement arrêté, contre presque 20 millions de fumeurs, du coup, statistiquement, dans un groupe de 20, s’il y a 2 vapoteurs, c’est déjà beaucoup…), généralement en train de balancer leur nuage vers le haut… parce qu’il est plus important que les expirations de fumée et qu’on ne veut pas gêner. Un hochement de tête initial, souvent assorti d’un sourire, nous permet de nous reconnaître.
  • Aucun vapoteur dehors, mais un ou deux dedans, en mode plus discret : petits nuages, pour ne pas gêner les gens et éviter de mettre le barman dans une situation délicate qui l’obligerait à nous demander de sortir vaper dehors. Idem, un hochement de tête et un sourire.

Mais du coup, étrangement, très vite, le pouvoir d’attraction est plus grand que la pudeur et on se retrouve immanquablement à tchatcher. Matos au début, surtout. On a reconnu le matos de l’autre. On connaît ou pas. On discute, on se passe des tuyaux. Puis c’est évidemment le liquide qui s’empare de la conversation. Je te fais goûter le mien, tu me fais goûter le tien, etc.

Puis la discussion dérive bien souvent sur quelque chose de plus politique : la TPD, la loi antitabac, le lobbying des cigaretiers, etc. Je ne compte plus le nombre de fois où je suis tombé sur des vapoteurs qui disaient n’en avoir rien à f…e de la politique et du lobbying jusqu’à ce qu’ils découvrent combien les industriels du tabac faisaient pression sur nos gouvernants pour que surtout les choses ne changent pas, ou alors en leur faveur. Et du coup, nombreux sont ceux qui en devenaient véritablement engagés, pas seulement pour la vape. Alors bien sûr, la tentation du « tous pourris » est souvent là, en toile de fond dans ces cas-là. Mais on peut quand même en déduire que pour certains la vape a développé une conscience politique !

Mais le plus drôle est sans doute qu’à force de voir deux ou trois vapoteurs discuter avec passion autour de leur e-cig, il est fréquent que d’autres, fumeurs le plus souvent (mais pas toujours) viennent se greffer, curieux, intrigués et soucieux d’en savoir plus.

-          « Mais est-ce que ce n’est pas plus dangereux ? »

-          « Et c’est quoi comme goût ce que vous vapotez ? »

-          « Dis donc, c’est énorme ton truc (je sais, c’est ce qu’elles disent toutes… J), c’est quoi ? »

-          « J’aimerais bien que mon mec/mon père/ma mère/ma meuf arrête de fumer, vous me conseilleriez quoi comme matos ? »

-          Etc.

Bref, il n’est pas rare, loin de là, que la discussion dérive et que ce petit groupe exclusivement composé de vapoteurs s’élargisse pour intégrer des non-vapoteurs qui, même quand ils nous abordent pour critiquer l’e-cig, n’en témoignent pas moins d’un intérêt pour la vape, sans quoi, ils nous mépriseraient de loin.

Et ça, ça prouve qu’au-delà du battage médiatique, du discrédit continu, dès lors qu’un vapoteur n’est plus seul, mais en groupe, les non-vapoteurs sont disposés à changer leur regard. Oui, ils nous mettent en avant ce qu’ils ont lu ou entendu dans les médias, mais ils nous demandent ce qu’on en pense. En tant que vapoteurs, dès lors que l’on n’est plus seul, on est considérés comme des experts, dont la parole sera plus fiable que celle des médias, tant que nous restons posés et argumentés, et que nous n’en faisons pas des caisses et que nous restons le plus objectifs possible.

Plus que jamais, nous sommes ambassadeurs de la vape.

La vape : vecteur de sociabilité

On nous a longtemps présenté la clope comme un vecteur de lien social. Il y avait la clope sociale, celle qu’on fume parce que des potes ou des collègues sortent fumer ; il y avait ceux qui fumaient pour se donner une contenance sociale ; les jeunes qui fument pour faire comme tout le monde, etc.

Mais on n’a jamais vu des fumeurs se retrouver en soirée pour échanger sur leurs clopes. Imaginez le tableau :

-          « Tiens, un fumeur »

-          « Ah ouais, tu fumes des Camel, non ? »

-          « Ouais, bien vu. Toi c’est des Malbac, c’est ça ? »

-          « Exact : j’ai essayé pas mal de marques mais c’est celle que je préfère. Elles donnent moins mauvaise haleine, me brûlent moins les poumons, etc. Et puis j’ai trouvé mon sweet spot en les fumant comme ça »

-          Bla bla bla

Ridicule, n’est-ce pas ? Car en fait de clope sociale, il s’agissait avant tout de mimétisme, de vestige d’un instinct grégaire absurde. La clope n’a jamais créé de lien, véritablement, ni donné un sentiment d’appartenance à un groupe, et a encore moins éveillé des consciences au fonctionnement de nos institutions.

Et c’est sans doute cela qui est le plus fascinant dans la vape. C’est à quel point elle crée un sentiment de communauté. A quel point les vapoteurs se sentent généralement proches des autres vapoteurs. A quel point la vape dépasse le simple arrêt du tabac pour embrasser une réalité plus large, un engagement plus complet.

En espérant simplement qu’on ne nous retire pas cela une bonne fois pour toute.

Bonne vape !

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