Arrêt du tabac contre bons d’achats : une expérimentation atypique

Arrêt du tabac contre bons d’achats : une expérimentation atypique
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Troubles du comportement, diabète, obésité, asthme, cancers : voilà les « événements de santé », chez l’enfant et l’adulte, favorisés par une exposition au tabac, in utero. C’est dire l’importance du sevrage tabagique chez les femmes enceintes. Et ce, alors même que, selon l’Inpes, en France, 18% des femmes enceintes fument encore après le 1er mois de grossesse. C’est justement pour pallier ce problème de santé publique que des initiatives étonnantes voient le jour ces dernières années : inciter les femmes enceintes à arrêter de fumer… en échange de bons d’achats.

Une initiative de AP-HP lancée en avril 2016

C’est en avril 2016, après 1 an de préparation, que l’initiative a été lancée dans 16 maternités de France auprès de 400 futures mamans.

Coordonnée par l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris, mais mise en place dans toute la France, l’étude s’appuie sur un

  • Premier constat : l’inefficacité (ou plutôt l’absence de preuve d’efficacité) des substituts nicotiniques classiques dans le sevrage tabagique.
  • Deuxième constat : le système de la récompense peut donner de très bons résultats.
  • Troisième constat : les femmes enceintes constituent la population la plus à risque qu’il est primordial, en termes de santé publique, de sevrer efficacement.

Conséquence : pour tester le concept, pendant la durée de la grossesse, les 400 femmes se verront remettre des bons d’achat de 20€ par visite, après tests urinaires (pour vérifier qu’elles ont bien arrêté de fumer…). Au total, une femme qui aura arrêté de fumer pendant sa grossesse aura pu gagner environ 300€ en bons d’achat dans des grandes surfaces généralistes ou des boutiques de puériculture !

Récompenser l’arrêt tabagique : l’initiative écossaise qui fait mouche

Au Royaume-Uni, chaque année, ce ne seraient pas moins de 5 000 fausses couches qui seraient dues au tabagisme des mamans. L’Ecosse serait particulièrement touchée par ce phénomène.

C’est donc en Ecosse, à Glasgow, qu’a eu lieu l’étude qui a inspiré l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris. Un groupe de femmes ne recevait pas de bons d’achat, un autre en recevait. Toutes avaient en revanche leurs substituts nicotiniques gratuits pendant la durée de l’étude.

Sur le groupe qui arrêtait de fumer avec des bons d’achat, des paliers étaient organisés. Ainsi, le premier rendez-vous ne donnait lieu qu’à un bon de 66€. Un deuxième bon équivalent était donné après 4 semaines d’arrêt. Mais pour 12 semaines, la récompense passe à plus de 100€ et finalement à plus de 200€ au-delà de 34 semaines, ces dernières sommes se cumulant avec les premières…. Pour un total de plus de 400€ pour les plus motivées, donc !

Le résultat : 22,5% des femmes qui ont reçu des bons d’achat ont arrêté de fumer pendant leur grossesse (contre 8,5% dans le groupe sans bons d’achat) et, surtout, un an après l’étude, 15% n’avaient pas repris la cigarette.

Notons simplement pour conclure qu’aujourd’hui la cigarette électronique est encore montrée du doigt alors que les patches et autres substituts sont largement remboursés par la Sécu. Et ce, alors même que, d’après le coordinateur de l’étude française, ces derniers n’ont toujours pas fait la preuve de leur efficacité !

No comment.

Bonne vape !

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